CLIMAT DE FOUTA DJALLON
Heureusement, le climat foutanien est devenu plus humain. Grâce à sa latitude et à sa position, le massif est fort arrosé, en été, sans être privé de la salubre saison sèche d’hiver. Par l’altitude surtout, il échappe aux funestes effluves de la Basse-Côte. Il ignore la fournaise du printemps soudanais et connaît par contre des températures aux matins de janvier exceptionnellement basses pour un pays tropical. Quel saisissant contraste entre le haut plateau et les profondes vallées qui s’insinuent à ses pieds: celles du Sud: Kolenté, Konkouré, Kakrima où remontent au Nord les moiteurs funestes de la Côte; celles du Nord: Koumba, Bafing où pénètre l’atmosphère torride des contrées soudaniennes.
L’air du Fouta est rigoureusement desséché de décembre à février par l’harmattan, le souffle du désert. L’hygromètre descend terriblement bas certains jours de janvier.Par contre, lorsque le soleil passe au zénith, vers avril et septembre, surviennent les « tornades ». N’imaginons rien de la brutalité des tornades américaines ou des typhons asiatiques: de bons orages de chez nous, mais dons du ciel combien précieux.
L’air du Fouta est rigoureusement desséché de décembre à février par l’harmattan, le souffle du désert. L’hygromètre descend terriblement bas certains jours de janvier.Par contre, lorsque le soleil passe au zénith, vers avril et septembre, surviennent les « tornades ». N’imaginons rien de la brutalité des tornades américaines ou des typhons asiatiques: de bons orages de chez nous, mais dons du ciel combien précieux.
Grâce aux premiers germent les graines de céréales. Les derniers font gonfler la moisson.Le véritable hivernage ne vient qu’en juillet et jusqu’en septembre: alors s’établit le grand vent marin du Sud-Ouest : l’enfer saharien appelle l’air de l’Océan dont la grosse masse est rafraîchie par l’hiver austral : c’est la mousson ; alourdies d’eau tiède, les couches de sombres nuées accourent en vagues successives à l’assaut des murailles. Elles déversent 4, 5 mètres parfois plus d’eau sur les premiers obstacles, en quelques semaines, par exemple à Dubréka, au pied du mont Kakoulima. Elles se faufilent au cœur du Fouta par les vallées de la Fatala, du Konkouré, du Kokoulo, de la Kakrima, de la Kolenté qui connaissent elles aussi les déluges, égayés il est vrai par quelques éclatants rayons de soleil. Mais l’ouate épaisse reçoit d’incessants renforts qui attaquent la montagne elle-même, se hissent et enfin déferlent à toute vitessesur les plateaux et les sommets: Dalaba, Mali peuvent rester des semaines entières dans le brouillard, grelottantes, assombries et ruisselantes.
Bref, bon an mal an, Dalaba reçoit 2.035 millimètres, Pita 1.882, Labé 1.764, Mali 1.893. Si Télimélé, plus basse et en plein vent du Sud-Ouest en reçoit 2,.470, Tougué, au contraire, abritée, au Nord-Est, se contente de 1.660, ce qui en six mois est encore trois fois plus qu’à Paris en un an. Comparons avec la Basse-Côte: Dubréka encore, près de Conakry reçoit 4.600 et Dakar 580 mm! Ici, le juste milieu. C’est grâce à cette pluie et à l’altitude que l’hivernage est frais: la moyenne de juillet à Mali est de 18°6, nettement moins qu’à Marseille. Tandis que Bamako est à 27°3. En saison sèche, Mali a 20°13 en janvier, Mamou, dans un creux, 22°4. Mais ce sont les écarts quotidiens qui sont étonnants à cette époque.
Les bananiers indigènes jaunissent. Transis, les indigènes se blottissent contre les brasiers. Au contraire, à partir de 10 heures, un soleil éclatant grille tout. Le sol, rouge de latérite, est si brûlant que les Foutaniens eux-mêmes renoncent à marcher pieds nus. Les maxima absolus restent néanmoins très humains: 38° seulement à Mamou, la plus défavorisée des stations. Au fort de la chaleur, les stations du Fouta sont le meilleur refuge pour les blancs de l’A.O.F: la Compagnie des Chargeurs réunis a aménagé à Dalaba un hôtel renommé. Quelles délicieuses veillées de printemps, lorsque l’Océan souffle sa brise rafraîchissante du soir. Comment s’étonner que le Peuhl se soit laissé séduire? Au surplus, l’eau ne manque jamais jusqu’à la fin de la saison sèche, le Fouta-Djalon s’anime du murmure de ses sources et du grondement de ses écumantes cascades: les grès emmagasinent tant de pluie en hivernage.
Aujourd’hui, des envahisseurs d’un nouveau genre ne parlent-ils pas de houille blanche en franchissant dans un nuage d’écume les
VÉGÉTATION DE FOUTA DJALLON
En vérité, un seul obstacle eût été rédhibitoire pour les Peuhls, et il faut bien dire que sous cette latitude il serait tout naturel, c’est la forêt. Car celle-ci, surtout la forêt vierge, tropicale, est hostile au parcours. Et les Peuhls, passionnés du bétail, renonceraient à l’Eden plutôt qu’à une vache. Or, il n’y a pas un seul lambeau de vraie forêt dans ces montagnes. A tel point qu’on peut se demander s’il y en il jamais eu.
Le climat actuel, avec sa saison sèche si longue, est celui qui convient à la savane arborée. A quoi les forestiers rétorquent : c’est la destruction de la forêt par l’homme qui est cause de cette péjoration climatique. Nous prouvons que le Fouta fut jadis le domaine de la grande forêt: d’abord par les essences des galeries forestières, le long des marigots permanents; ensuite par les îlots de forêt qui se reconstituent spontanément et très vite dans nos parcelles réservées ou classées, à condition que nous les protégions sévèrement contre les feux de brousse des paysans noirs: c’est le cas des environs de Dalaba où sont revenues les fougères arborescentes elles-mêmes.
Enfin, jusque dans les contrées les plus épuisées et dégradées, comme le plateau des Timbi, la coupe du sol révèle des horizons superposés qui sont le témoin irrécusable de la forêt disparue. Bref, aujourd’hui, il ne reste plus que trois types essentiels de paysages végétaux : la brousse, plus ou moins arborée suivant le cas: buruure si elle n’est que taillis, fitaare si elle a des allures de bois,c’est ce que l’on brûle pour que la cendre végétale fertilise le sol du lougan. La prairie, clairsemée de Kouras (Parinarium excelsum) au port de chêne, et de Télis (Erythrophleum guineense), tantôt sur la bordure inondable le long des marigots (dunkiire), tantôt sur l’argile tapissant un plateau (hollaande), tantôt sur les sables qui colmatent une dépression (ndantaari).
Dans certains cas, cette prairie, tels le « hollaande » du plateau de Labé, est si dégarnie qu’on a peine à y trouver le bois nécessaire à un feu domestique: un des premiers blancs qui y furent, Hecquart, s’en plaignait déjà en Juillet 1851.
Reste enfin le boowal quand le ruissellement arrachant sables, argiles et limons laisse à nu la cuirasse latéritique. C’est une vaste surface désertique et torride en saison sèche, jalonnée par les champignons des termitières. Les cynocéphales s’égayent en aboyant à l’approche du voyageur toujours pressé de fuir cette étendue désolée. En hivernage toutefois les graminées consentent à y verdir. Ce qui est évident, c’est que le bowal existe depuis de très longs siècles. Si forêt il y a eu (et cela est plus que probable), il est certain qu’elle était déjà très attaquée par les occupants antérieurs, vrais responsables de l’affreux massacre.
Au contraire, c’est à coup sûr parce que sur les trois quarts de la superficie du Fouta-Djalon ils ont trouvé le boowal que les Peuhls sont venus.
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