mercredi 17 décembre 2014

Climat
Heureusement, le climat foutanien est devenu plus humain. Grâce à sa latitude et à sa position, le massif est fort arrosé, en été, sans être privé de la salubre saison sèche d’hiver. Par l’altitude surtout, il échappe aux funestes effluves de la Basse-Côte. Il ignore la fournaise du printemps soudanais et connaît par contre des températures aux matins de janvier exceptionnellement basses pour un pays tropical. Quel saisissant contraste entre le haut plateau et les profondes vallées qui s’insinuent à ses pieds: celles du Sud: Kolenté, Konkouré, Kakrima où remontent au Nord les moiteurs funestes de la Côte; celles du Nord: Koumba, Bafing où pénètre l’atmosphère torride des contrées soudaniennes.
L’air du Fouta est rigoureusement desséché de décembre à février par l’harmattan, le souffle du désert. L’hygromètre descend terriblement bas certains jours de janvier.Par contre, lorsque le soleil passe au zénith, vers avril et septembre, surviennent les « tornades ». N’imaginons rien de la brutalité des tornades américaines ou des typhons asiatiques: de bons orages de chez nous, mais dons du ciel combien précieux.
Grâce aux premiers germent les graines de céréales. Les derniers font gonfler la moisson.Le véritable hivernage ne vient qu’en juillet et jusqu’en septembre: alors s’établit le grand vent marin du Sud-Ouest : l’enfer saharien appelle l’air de l’Océan dont la grosse masse est rafraîchie par l’hiver austral : c’est la mousson ; alourdies d’eau tiède, les couches de sombres nuées accourent en vagues successives à l’assaut des murailles. Elles déversent 4, 5 mètres parfois plus d’eau sur les premiers obstacles, en quelques semaines, par exemple à Dubréka, au pied du mont Kakoulima. Elles se faufilent au cœur du Fouta par les vallées de la Fatala, du Konkouré, du Kokoulo, de la Kakrima, de la Kolenté qui connaissent elles aussi les déluges, égayés il est vrai par quelques éclatants rayons de soleil. Mais l’ouate épaisse reçoit d’incessants renforts qui attaquent la montagne elle-même, se hissent et enfin déferlent à toute vitesse sur les plateaux et les sommets: Dalaba, Mali peuvent rester des semaines entières dans le brouillard, grelottantes, assombries et ruisselantes.
Bref, bon an mal an, Dalaba reçoit 2.035 millimètres, Pita 1.882, Labé 1.764, Mali 1.893. Si Télimélé, plus basse et en plein vent du Sud-Ouest en reçoit 2,.470, Tougué, au contraire, abritée, au Nord-Est, se contente de 1.660, ce qui en six mois est encore trois fois plus qu’à Paris en un an. Comparons avec la Basse-Côte: Dubréka encore, près de Conakry reçoit 4.600 et Dakar 580 mm! Ici, le juste milieu. C’est grâce à cette pluie et à l’altitude que l’hivernage est frais: la moyenne de juillet à Mali est de 18°6, nettement moins qu’àMarseille. Tandis que Bamako est à 27°3. En saison sèche, Mali a 20°13 en janvier, Mamou, dans un creux, 22°4. Mais ce sont les écarts quotidiens qui sont étonnants à cette époque.
Les bananiers indigènes jaunissent. Transis, les indigènes se blottissent contre les brasiers. Au contraire, à partir de 10 heures, un soleil éclatant grille tout. Le sol, rouge de latérite, est si brûlant que les Foutaniens eux-mêmes renoncent à marcher pieds nus. Les maxima absolus restent néanmoins très humains: 38° seulement à Mamou, la plus défavorisée des stations. Au fort de la chaleur, les stations du Fouta sont le meilleur refuge pour les blancs de l’A.O.F: la Compagnie des Chargeurs réunis a aménagé à Dalaba un hôtel renommé. Quelles délicieuses veillées de printemps, lorsque l’Océan souffle sa brise rafraîchissante du soir. Comment s’étonner que le Peuhl se soit laissé séduire? Au surplus, l’eau ne manque jamais jusqu’à la fin de la saison sèche, le Fouta-Djalon s’anime du murmure de ses sources et du grondement de ses écumantes cascades: les grès emmagasinent tant de pluie en hivernage.
Aujourd’hui, des envahisseurs d’un nouveau genre ne parlent-ils pas de houille blanche en franchissant dans un nuage d’écume les passerelles frémissantes du Kin-Kon?

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